Une homogénéisation dans la douleur
Le processus de formation du vaudou fut long et progressif, d’autant que les esclaves à destination des plantations provenaient de différentes et de nombreuses peuplades d’Afrique.
Moreau de Saint-Méry a recensé en 1789 une trentaine d’ethnies dans la colonie de Saint Domingue dont, parmi les plus représentatives, des Sénégalais, Bambaras, Mandingues, Sobos, Kangas, Aradas, ou radas, Caplons, Fons, Mahis, Ibos, Nagos, Konngos, Mayombés.
Cependant selon Alfred Metraux, la plus grande partie provenaient de la région du golfe du Bénin, région très peuplée et sujette à de nombreuses guerres fratricides érigées en véritable économie de traite. La vente de prisonniers de guerre était alors pour les rois dahoméens une manne, et ceux-ci n’hésitèrent pas à multiplier les conflits afin d’obtenir divers produits européens.
Ces anciens Africains devinrent donc en une traversée cauchemardesque esclaves du nouveau monde, et les bateaux d’esclaves emportèrent avec eux des dieux locaux ou de simples criminels, sans discernement.
Une fois acheté, l’esclave à destination des plantations n’a pas plus de valeur que du bétail, et sera traité comme tel jusqu’à la fin de ses jours.
Les groupes d’esclaves étaient volontairement divisés, et les conflits attisés par les colons.
En 1750 un auteur anonyme écrivait « Les esclaves ne peuvent pas s’entendre à cause de leurs divisions religieuses, ils n’adorent pas le même dieu ; ils se haïssent et s’épient réciproquement. ».
Il s’agit peut-être d’un témoignage intéressé, mais il ne fait aucun doute que les tensions devaient, dès la mise en place de l’esclavage, êtres faciles à provoquer pour les colons, qui n’avaient plus qu’à assurer la pérennité du système.
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Les armes de lutte pour la survie : le passé devient le seul refuge identitaire