Les instruments
Selon la famille de lwa invoquée, les rythmes vont varier comme nous l’avons déjà dit, mais les instruments aussi. Chaque rite (rada, petwo ou konngo) possède sa propre famille de tambour.
Par exemple les tambours rada sont toujours joués par groupe de trois, à savoir le manman, le segon et le boula ; à cet ensemble vient parfois se rajouter la basse. L’ogan, une cloche en fer frappée soutient le rythme de base joué par le boula, le manman, quant à lui, joue le rôle principal puisque c’est lui qui improvise et doit connaître tous les chants à la perfection, enfin le segon se situe entre les deux.
C’est donc à ce tambour soliste qui prédomine dans l’orchestre, le manman, que l’on attribue la faculté de faire basculer le fidèle dans la transe. Il déconcerte l’auditeur par des variations rythmiques ingénieuses et habilement déguisées. Car sous le jeu du manman se trame une lutte invisible entre les lwa, le fidèle et le musicien ; en effet, il se trouve que le fidèle également appelé « cheval » (puisqu’il va être chevauché par son lwa) se trouve dans un état de vulnérabilité et risque de se faire posséder par un lwa malveillant. Le maître tambour doit alors, en chef d’orchestre du sensible, concilier ces différentes forces en présence, rejeter l’intrus sans offense et favoriser l’équation entre le danseur et son lwa. Le musicien n’est jamais possédé même si son endurance remarquable le met dans un état second, il n’est qu’un médiateur.
L’instrumentation des autres rites petwo et konngo est également soumise à des règles précises.
Les tambours utilisés pour le rituel des lwa petwo vont par paire, le manman et le pitit, quant à l’orchestre Konngo il comprend trois tambours, le manman le timebal et le ti-konngo. Dans ce dernier, c’est le timebal qui joue le rôle le plus important alors que, pour le rituel petwo, c’est le pitit qui se distingue.
Ces tambours, s’ils portent les mêmes noms, se distinguent légèrement les uns des autres par leur conception selon le rite auquel ils sont affectés.
Le culte vaudou utilise uniquement des instruments rythmiques ce qui explique en partie son côté déconcertant pour une oreille habituée à une prédominance mélodique.
Le vaudou est une pratique rituelle, et les tambours n’échappent pas à ces rites, ils sont considérés comme sacrés et possèdent une âme, un esprit qui leur est propre. Une cérémonie a lieu devant l’arbre qui servira à sa conception, il est salué au même titre que le « poteau-mitan » et bénéficie d’offrandes.