Quel rôle pour la musique dans le culte Vaudou ?
La musique occupe une place fondamentale dans le vaudou. Le chant transmet un certain type de parole et d’émotion, mais ce sont les tambours qui occupent le premier plan musical. Les joueurs de tambours sont la clef d’une cérémonie réussie, c’est grâce à eux et à leur savoir faire, que le lien délicat entre les esprits (ou lwa) et les hommes peut avoir lieu.
Ils sont aptes par leur utilisation habile des rythmes sacrés à faire basculer le serviteur du lwa dans la transe, plus exactement, par le biais de la danse, ils manient un langage capable d’inviter le lwa à venir posséder son adepte. Comme l’explique Claude Dauphin « l’adéquation du geste (danseur) et du rythme (tambourineur) signale un état d’harmonie spirituelle entre invoqué et invoquant ».
Le jeu de tambour vaudou est complexe et demande un long apprentissage et, bien souvent, les musiciens sont formés dès le plus jeune âge.
Chaque famille de lwa possède son propre type de rythme que les musiciens doivent suivre afin d’amadouer l’esprit servi dans le sanctuaire ou Houmfò. Chaque adepte accordant sa confiance à un seul Houmfò, il est très difficile de vouloir étudier le vaudou et ses rythmes en tant que phénomène global et de projeter une grille de lecture pour tout le pays. Il semble au contraire que chaque région (en fonction de ses Houmfò) possède sa propre alchimie entre esprits, danses et rythmes.
Il existe cependant plusieurs rythmes invariables qui, s’ils sonnent tous de manière identique pour le néophyte, prennent petit à petit plus de relief au fil d’écoutes attentives. Il semble peu utile et surtout difficile de tenter de décrire ici les principaux rythmes, on se contentera donc de conseiller un disque bien utile, qui permet de percevoir de manière claire et précise les nuances de ces diffèrent rythmes.
Le musicien vaudou possède une réelle faculté d’expression artistique quand il joue, il peut par exemple agrémenter un rythme, mais il doit respecter certaines règles précises.
Il ne s’agit pas d’un musicien capable du jour au lendemain d’intégrer une nouvelle influence à son jeu. La nature même de la musique vaudou et sa finalité la conditionnent à une évolution lente et respectueuse de règles immuables.
Entre un enregistrement d’un type de rythme vaudou des années 50 et un enregistrement actuel, la différence se situe au niveau de la technique d’enregistrement, mais finalement peu au niveau du rythme lui-même qui n’aura pas bougé et dépend simplement de son interprète.
Il s’agit donc d’un véritable miroir du passé, c’est cela qui est fascinant dans la musique vaudou. Cette musique comporte une dimension intemporelle, par essence elle échappe au temps.
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