Un abandon du véritable patrimoine
Sous Duvalier, le fait d’avoir un répertoire constitué de chansons folkloriques n’était pas toléré.
Le musicien Reynold Henrys nous donne l’exemple du groupe « Les Caracos Bleus » qu’il eut l’occasion de voir sur scène, et qui donna quelques concerts dans un des lieux du yéyé au tout début des années soixante. Le nom du groupe est aussi le nom d’une tenue paysanne qu’ils arboraient sur scène ; le groupe jouait des musiques populaires, des chansons paysannes et des chansons à contenu social. Ils furent interdits de concert et leurs membres furent exilés ou ont disparu …
Il existait encore en ce début de décennie des mouvements de lutte visibles contre Duvalier, des associations étudiantes notamment. Il y eut de grandes grèves étudiantes, mais ces résistances furent rapidement brisées par la force.
Cette dévalorisation du patrimoine n’est pas uniquement l’effet direct de la dictature, il convient aussi d’apprécier l’influence que peut avoir sur le long terme le mépris de la classe dominante pour la classe paysanne et plus généralement pour ce qui est lié au Vaudou.
En outre, l’appauvrissement du pays contribua largement à l’extinction d’un grand nombre de mouvements culturels.
Toute personne susceptible de s’exprimer librement devenait la cible du régime Duvalier et de ses hommes de main les « Tontons macoutes », nombre de musiciens et d’intellectuels durent s’exiler ; ils continuèrent de s’exprimer depuis la diaspora haïtienne.