Le rapport ambigü entre le Kompa et le pouvoir
Le Kompa de Nemours est né un peu avant la dictature de Jean-Claude Duvalier, mais le véritable succès populaire du genre à lieu pendant son règne et celui de son fils.
L’engouement de l’ensemble de la société haïtienne pour cette vague musicale est rapidement utilisé politiquement par le pouvoir en place. A l’occasion du carnaval de 1959 Nemours Jean-Baptiste se voit contraint d’affirmer son soutien à François Duvalier et lors de sa parade, il est escorté par plusieurs tontons macoutes.
En 1965, les meringues carnavalesques « Min djet la’ » de Webert Sicot et « Tou limin » de Nemours Jean-Baptiste chantent les nouvelles installations électriques et l’arrivée des avions à réaction à l’aéroport international que venait d’inaugurer le dictateur.
Les Groupes du « mini-jazz » de la génération suivante adoptent l’idéologie du « Doing nothing serious » , non pas par choix mais surtout pour éviter des persécutions politiques. Il en résulte des chansons qui paraissent en décalage avec la situation réelle. Certaines paroles de chansons donnent l’impression d’une véritable vitrine touristique idyllique, qui peut faire penser à de la propagande.
D’autres paroles comme celles de Green Light du groupe Shleu-Shleu très réussies musicalement chantent clairement et sans complexes un « voulez-vous coucher /avec moi ce soir », L’Amour Avec Toi de Polnaref , en passant par I Just Want To Make Love To You des Rolling stones, autant de témoignages de la libération sexuelle qui se reflète dans la pop musique des sixties. Cependant dans la musique occidentale, à côté de cette légèreté propre aux années soixante, il existait toujours en filigrane un côté contestataire totalement absent de la musique en vogue à cette période.
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Peut-on considérer le Kompa comme un outil du pouvoir ?